Explication du texte de Fontenelle p. 193.

 

 

§  Qui est Fontenelle ? Dans quel(s)  but(s)  a – t – il écrit l’histoire des Oracles ?

Fontenelle, Bernard le Bovier de (1657-1757), philosophe et poète français, qui a annoncé l’esprit des Lumières en ayant vulgarisé de nouvelles théories scientifiques.

 

HISTOIRE DES ORACLES

FONTENELLE consacre huit chapitres mordants à démontrer, citations et références à l'appui, que les oracles ne pouvaient être rendus par les démons puisqu'ils étaient dus aux artifices des prêtres qui exploitaient la crédulité des fidèles. En second lieu, loin de se taire à la venue du Christ, les oracles ne disparaissent qu'au Ve siècle, quand leurs impostures sont dévoilées grâce aux progrès de la philosophie. Et voilà ridiculisée la croyance aux miracles !

La religion chrétienne est loin de sortir intacte de cette étude critique. Si l'on peut contester la tradition des premiers chrétiens, où s'arrêtera ce doute ? La croyance à la magie et au Diable, article de foi, résistera-t-elle à un sérieux examen ? Que penser enfin de la fourberie des prêtres de toutes les religions sauf la vraie ? — Attaquer indirec­tement le christianisme en feignant de s'en prendre au seul paganisme, ce sera la tactique des « philosophes ».

LA DENT D'OR

Par cette anecdote déjà voltairienne, FONTENELLE, tout en se jouant, touche aux plus grands problèmes humains. On ne saurait mieux symboliser la révolution qui se fait alors dans les esprits : face aux erreurs de la scolastique, au respect aveugle de l'autorité et de la tradition, à la croyance aux miracles, l'esprit critique dresse les principes de la science positive et expérimentale. L'auteur montre les conséquences de ces principes en matière de physique, d'histoire, de religion, et l'on verra que ses réflexions ne vont pas sans un certain scepticisme. Pour qui sait lire entre les lignes, prétendre dégager la religion des superstitions qui la compromettent, n'est-ce pas porter le doute sur tout l'édifice religieux, amorcer déjà l'entreprise de VOLTAIRE ? (Première Dissertation, IV).

 

 

   Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens1 qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus2 la vérité du fait ; mais enfin nous éviterons le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point 3. ▌

   Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siècle passé à quelques savants d'Allemagne, que je ne puis m'empêcher d'en parler ici.

   En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans, il lui en était venu une d'or à la place d'une de ses grosses dents. Hortius, professeur en médecine dans l'université de Helmstad, écrivit en 1595 l'histoire de cette dent, et prétendit qu'elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant, pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de cette dent aux chré­tiens ni aux Turcs. En la même année, afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolsteterus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique6. Un autre grand homme, nommé Libavius, ramasse tout ce qui avait été dit de la dent, et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai7 que la dent était d'or. Quand un orfèvre l'eut examinée 8, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent, avec beaucoup d'adresse ; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre.

   Rien n'est plus naturel 9 que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire que, non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.

 

 

§  Distinguez les trois parties du texte.

 

( Voir les trois barres verticales en noir ). Le philosophe commence par une recommandation, il propose qu’il justifie : «  Assurons bien du fait … » Ensuite, il donne l’exemple pour appuyer ce qu’il dit dans le premier paragraphe, c’est l’histoire de la dent d’or. Enfin, il conclut dans le dernier paragraphe.

 

§  Quelle impression produisent les noms latins de ces savants. Quels défauts critique –  t  -  il chez ces « savants » ?

Autrefois, les ouvrages scientifiques, philosophiques étaient écrits en latin. Les noms latins pour les savants renforcent leur réputation de savants ( Les noms de plantes, d’animaux et d’insectes sont toujours nommés en latin jusqu’à maintenant ). D’où le comique de mot  et de contraste, le grand savant ou le prétendu tel donne une explication déraisonnable : la dent est en partie miraculeuse, c’est un don de Dieu pour consoler les Chrétiens vaincus par les Turcs. Rullandus est un plagiaire

( Il répète ce que Horstius a écrit ). Inglosteterus est un querelleur, il discute pour avoir un ouvrage et un nom dans le monde des savants. Libavius est un autre plagiaire. Bref, il critique chez eux la méthode et certains trait de caractère )

 

§  Fontenelle raconte – t -  il l’anecdote de la dent de façon objective ou subjective ?

Il y a la part de l’objectivité : les noms de lieux, de savants connus, les dates …. Mais il y a des intrusions dans le récit où Fontenelle s’adresse de façon directe au lecteur «  Figurez – vous … » pour exprimer une opinion … Il emploie aussi des expressions pour s’attirer la sympathie du lecteur et gagner sa complicité et son adhésion «  si plaisamment … prétendit … » + les expressions ironiques.

 

Quel(s) ton(s) adopte Fontenelle dans son récit philosophique de la dent d’or ?

Le ton de la satire puisqu’il critique certaines mœurs chez les savants et le ton ironique exprimé par l’antiphrase «  belle et docte réplique … tant de beaux ouvrages … etc »

 

§  Quelle est la portée de ce texte ? ( Appel à l’expérimentation, au recours au spécialiste, à l’esprit positiviste ; critique de la mauvaise méthode, de la superstitio, du préjugé, de la fausse croyance etc… Scepticisme religieux, historique et scientifique de Fontenelle …)

 

Réagir au texte.

 

§  Croyez – vous au miracle ? Justifiez votre réponse.

 

§  On parle d’un guérisseur à Boumhal qui soigne toutes sortes de maladies, même le cancer : Que faudrait – il faire avant d’y aller  d’après vous ?

 

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